J’ai pu visiter la partie occidentale de l’île, à travers les villes et les campagnes, des endroits touristiques et aussi des endroits où les touristes ne vont pas. J’ai rencontré des personnes charmantes qui travaillent dur pour subvenir à leurs besoins. J’ai aussi vu un engagement pour leurs enfants et leurs proches, des étincelles étaient palpables dans leurs yeux lorsque je me suis adressé à eux pour parler de leur pays.
Cuba est passé par une longue période coloniale espagnole, puis une autre, courte, des États-Unis. Son indépendance a été promulguée en 1902. Dans les années suivantes, la République cubaine a connu un développement important, mais aussi une succession des dirigeants despotiques, culminant avec le renversement du dictateur F. Batista. Ce fut le mouvement révolutionnaire 1953-1959, dirigé par Fidel Castro. Une dernière tentative de reprendre le pouvoir à l’aide des exilés cubains, soutenue par CIA, s’est terminée par l’échec à la Baie des cochons en 1961. Depuis, Cuba s’est aligné sur le socialisme.
Parque de la Libertad, Matanzas
La révolution a apporté l’alphabétisation de la population avec l’ouverture des écoles. Les structures de santé ont été améliorées et la propriété privée détenue par quelques privilégiés a été rendue accessible à tous. Il y a eu certainement beaucoup d’espoir dans l’avenir. Cependant, après quelques décennies passées, la nouvelle génération porte un regard mitigé, notamment sur la situation économique du pays.
La Havane, le centre d'études Fidel Castro Ruz
Cuba a un grand potentiel des personnes bien formées. Le pays compte un médecin par environ 10 habitants, cependant, le matériel médical manque. La situation est similaire pour l’école, le sport et d’autres secteurs d’activité quotidienne. Les jeunes se demandent pourquoi faire des études universitaires si, à la fin, des salaires sont très bas et un serveur de bar ou chauffeur de taxi gagne mieux sa vie. Si un médecin gagne l’équivalent de 30 euros par mois ou qu’un enseignant à la retraite reçoit une rente qui lui suffit juste d’acheter un plateau de 30 œufs, il n’est pas surprenant que la population cherche à avoir plusieurs métiers pour couvrir leurs besoins. Il y a aussi un double standard: certains services se payent en euros ou en dollars, comme les taxis ou l’hébergement des touristes. Les transferts d’argent des émigrés sont également très appréciés. L’essence se paye en devises (env. 1.2 USD par litre) et les pièces de réparations venant de l’étranger aussi.
La Havane, le centre d'études Fidel Castro Ruz
Les paysans sont devenus propriétaires de leurs terres, mais, en contrepartie, ils doivent céder une bonne partie de leurs récoltes à l’état. Seuls 10% leur reviennent pour les besoins personnels et une éventuelle vente. Les pêcheurs avec leur pêche de poissons sont dans la même situation.
Le comité de PCC à La Havane
Malgré toutes ces difficultés d’approvisionnement, j’ai rencontré des gens ouverts, souriants, de contact facile et ouvert. Souvent, je n’ai même pas eu à demander la permission pour les prendre en photo, ils me l’ont demandé spontanément.
Musée de l'invasion à la Baie des cochons, Playa Girón
Plusieurs fois, en passant devant l’ambassade de l’Espagne à La Havane, je me demandais pourquoi il y avait une longue queue de personnes qui attendaient devant l’entrée. Qu’est-ce qu’ils attendaient ? La vérité est qu’ils venaient pour régulariser leur demande de nationalité espagnole grâce à leurs ancêtres de l’époque coloniale de ce pays. Ainsi, ils auront potentiellement plus de chances de quitter Cuba et s’installer à l’étranger. Est-ce que Cuba se dépeuplerait à cause de l’émigration suite à la désillusion de la nouvelle génération face aux espoirs envolés? Si c’était le cas, seule effigie d’Ernesto “Che” Guevara continue à passionner les Cubains. En fait, « Che » en argot argentin signifie « ami ».
La statue d'Ernesto "Che" Guevara devant le bâtiment du parti, Santa Clara