La lumière du jour qui décline tardivement pendant cette période de l’année nous tient en  haleine longtemps avant d’apercevoir la première étoile. Le gardien céleste commence alors à allumer les lampadaires. Il s’amuse parfois à les cacher derrière les rideaux de nuages. La première étoile visible projette ses rayons sur le tas de bois, sciemment assemblé et prêt à s’enflammer à la première allumette. Chose faite. 

Les flammes grandissent et commencent leur danse. D’un timide premier pas, elles s’élancent, tournent, s’élèvent et se font porter par l’énergie insufflée de l’extérieur. Les regards fixent cette lumière dégagée par les flammes, l’accompagnent et l’encouragent dans son élévation. La couleur des flammes change. Leur forme aussi. Rapidement, et avec vivacité. 

On y dépose ce qui nous pèse afin de le faire transmuter vers une énergie bienveillante.

Réaligner à l’intérieur de nous les miasmes, les déposer et les laisser se consommer. Le vide ainsi formé s’ouvre à la lumière, nourriture de notre âme et de notre corps. 

Le feu émanant de son foyer sur la terre, le vent le ravivant et les gouttes de pluie venant  au milieu de la nuit. Les quatre éléments présents pour nous faire ressentir leur complémentarité, indispensable dans la vie. Notre union avec eux, leur énergie qui nous fait vivre et vibrer. En contrepartie, nous ouvrons nos coeurs pour les accueillir avec bienveillance. Nous formons un tout, nous formons l’unité. 

Dans son film “Andreï Rublev”, le cinéaste Andreï Tarkovky montre le tiraillement du peintre d’icônes Rublev entre sa vision du monde et l’insouciance des paysans s’adonnant librement aux rituels ancestraux des feux de la Saint-Jean. Ces conflits sont sans âge. Les tensions similaires nous accompagnent dans la vie de tous les jours, chacun à sa manière. La période du solstice d’été est propice à tout réaligner et à transmuter.